Aux portes de l’Europe et de l’Orient, la guerre, barbarie totale, nous menace tous d’anéantissement. Une autre guerre plus discrète se joue dans nos esprits, cependant. Traditions, langues et cultures ancestrales se dégradent sous les assauts d’une modernité sans projet, une modernité dont le but est de tout cloisonner, de tout dé(const)ruire. Face à ce casus belli total, Revue Révolution invoque la Beauté toute-puissante, éternelle, l’expression mystique de l’effacement de soi devant plus grand que soi.
Le tonneau des Danaïdes, par l'un des derniers grands maîtres de la peinture, le pré-raphaélite John William Waterhouse (1906).
Après leurs mariages incestueux, les Danaïdes, au nombre de cinquante, assassinent leurs époux lors de leur nuit de noces, et sont condamnées par les Dieux à remplir un tonneau percé aux Enfers.
Domaine public (1906) - Source: Wikimedia Commons.
Notre édito de 2022 nous invitait nous poètes et artistes, à une intensification de la Beauté. Continuant de joindre le geste à la parole, le neuvième opus de Revue Révolution en préparation, réunira encore ce qui semble épars, dans un mouvement, un effort vers la Beauté: arts hindous et africains, musiques du monde et musique du Soi, matière et Esprit.
Aux portes de l’Europe et de l’Orient, la guerre, barbarie totale, nous menace
tous d’anéantissement. Une autre guerre plus discrète se joue dans nos esprits, cependant. Traditions, langues et cultures ancestrales se dégradent sous les assauts d’une modernité sans projet, une modernité dont le but est de tout cloisonner, de tout dé(const)ruire. Face à ce casus belli total, Revue Révolution invoque la Beauté toute-puissante, éternelle, l’expression mystique de l’effacement de soi devant plus grand que soi.
Pour la énième fois, nous appelons de nos vœux son retour, elle qui n’est perceptible que dans la transcendance, la quête de sagesse, et la Vérité. Cette vérité de notre être, supérieure à tous les relativismes, à toutes les vérités soit-disant subjectives et diverses, supérieure à ce goût puéril pour le mystère, supérieure encore à l’idée de la quête éternelle en ceci qu’elle conclut tous les relativismes, toutes les particularités. Quel est donc cet intellect, dont l’évolution nous a patiemment dotés, capable de résoudre en équation le sublime qu’est l’univers, mais incapable d’absolu, de Beauté?
Il y a le beau, la beauté d’un objet, la beauté des corps, tout ce qui décore et flatte nos sens trompeurs. Tout ce qui se consomme et se consume en eux. Et puis, il y a la Beauté. Celle qui s’impose à nous, celle que nous portons en Soi, celle qui fait tout disparaître: nos particularités, nos tracas, nos glorioles, nos lâchetés, nos frustrations, nos mesquineries, nos grands succès, nos petits échecs, et vice versa. Cette Beauté-là, on ne la consomme pas, même si elle englobe déjà une fraction de ce que nos sens peuvent percevoir d’elle. On la retrouve en fragment infime dans une toile de maîtres, dans l’océan et notre petitesse séante devant sa majesté. Naturellement incorruptible puisqu’intérieure, cette beauté ne peut être diffamée, détruite, déconstruite, avilie, enlaidie, néantifiée. À divers degrés ou efforts de manifestation, c’est cette Beauté-là que les vrais mystiques, poètes et artistes servent. Tiens, voilà la vérité qui revient.
La philosophie Samkhya, qui a
conclu la question de la conscience et de Dieu, décrit notre belle planète - et tout l'univers manifesté - comme
Prakriti, la nature, ou encore, la conscience relative, la conscience de quelque chose, avec tous ses attributs. Nature et conscience ne font donc qu’un, et c’est ici, sur la Terre, qui lutte peut-être elle aussi pour son existence à coups de virus et de dérèglements en tous genres, que chacune se pare d’attributs pour charmer nos sens.
Ainsi, dans un univers dualiste comme le nôtre, une conscience relative présuppose l’existence d’une autre conscience, sans attributs, non-manifeste, absolue, siège de la Vérité en question. Nos individualités, nos identités si chéries en ce moment? Une tempête dans un verre d’eau, une fraction de seconde dans l’éternité, un petit jeu relatif et très turbulent sans grande conséquence sur la majesté absolue de la Conscience.
Un ami moine, et hindou, m’a dit un jour: «Cette vie est un jeu, mais c’est un jeu qui fait mal».
Oui, et malgré cela, nous préférons encore le charme à la Beauté. Pour combien de temps? L’un flatte et s’abîme toujours dans son contraire, fait souffrir, régresser, et péricliter. L’autre est absolu, incorruptible et nourricier: Vérité.
Bonne lecture, bonne méditation et vive la révolution (intérieure)
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